lundi 26 août 2013

Arthur Tress au Château d'Eau à Toulouse

Depuis le temps que je voulais voir ce "château d'eau", me voila enfin pour quelques jours à Toulouse. Je me suis réservé un temps pour voir ce site en briques rouges, voir l'intérieur et surtout au moins une exposition. Le soleil du matin est déjà haut et écrase tout sous ses rayons. Je n'en souffre pas, bien au contraire, j'aime le sentir brûler un peu ma peau à travers ma chemise. Mais j'apprécie mes lunettes de soleil et ma casquette.

Quoi ? Seulement deux euros cinquante l'entrée ? Je doute. Et si c'était banal, de bas de gamme, vu le prix ? Je plaisante avec la fille de l'accueil, combien ? ...Si peu cher, mais oui Monsieur, Doisneau a exposé ici pour le même prix !

La fraîcheur du lieu m'envahit, j'aime cette salle ronde à trois étages.


Jean Lubrano



Arthur Tress, "Transréalités".

Né à Brooklyn en 1940, il a grandi dans la rue et à dix ans fait ses premières photos, précoce le garçon !  Aussi bien prises sur le vif que mise en scène, ses photographes quelques fois surréalistes ou teintés d'humour font de lui un des principaux photographes de sa génération. Cette exposition nous révèle encore un choix de ses meilleures prises de vues dans les années cinquante à Brooklyn. Regard non conventionnel parmi ceux de sa génération, la part de fiction dans le reportage sort des entiers battus des conventions. Ses photos jamais exposées de son reportage à San Francisco en 1964 sont un exemple de son regard d'humour et d'insolite. C'est une rupture avec la "street photographie" conventionnelle de son époque. Les tirages sont superbement réalisés, une majorité de formats carrés ce qui n'est pas pour me déplaire. Une bonne leçon de cadrage.



© Arthur Tress


"La photographie est ma méthode pour limiter le monde confus qui se précipite constamment devant moi. C'est mon attitude défensive pour réduire le chaos quotidien dans des images incompréhensibles. A travers l'appareil j'essaie de clarifier et d'édifier d'innombrables flot de moments qui paradent et envahissent mes sens constamment.
Mon urgence à photographier est activée par un instinct quasi biologique d'auto-préservation du désordre. L'appareil photographique est un dispositif mécanique qui prolonge naturellement ma capacité et mon désir d'orientation sensée. J'en ai besoin pour survivre." Arthur Tress.

J'ai remis ma caquette et mes lunettes de soleil et je suis retourné à la place du Capitole à pied en passant par le pont Neuf et la place de la Daurade, malgré la chaleur de midi, mais heureux d'avoir vu son travail photographique avec un regard qui ne manque pas d'intérêt.


Si vous êtes dans le coin ou du coin...du 28 juin au 8 septembre 2013.

Galerie Le Château d'Eau, pôle photographique de Toulouse, 1 place Laganne 31300 Toulouse (métro Saint Cyprien / République / Esquirol).

Tel : 05 61 77 09 40

www.galeriechateaudeau.org
www.arthurtress.com

Jean Lubrano, Août 2013

mardi 13 août 2013

Les Rencontres d'Arles



Parmi les innombrables expositions, les photographes qui ont retenu mon attention, deux découvertes :


La photographe Viviane Sassen, présente un diaporama captivant sur son travail de mode. Photographies hautes en couleur et des poses très animées, jouant avec la lumière.


© Viviane Sassen




Le photographe Jean Louis Courtinat engage auprès des personnes en marge de notre société. L'exposition montre des photos en noir et blanc "Vivre avec toit", agrémentée de témoignages. Les personnes photographiées sont fatiguées, malades, en cours de soins et ont retrouvé, grâce au soutien de l'association "Les petits frères des pauvres", un toit après des années de vie à la rue.


© Jean Louis Courtinat




D'autres expositions intéressantes :
- Gordon Parks, photographe militant anti-raciste aux Etats-Unis
- Sergio Larrain, Rétrospective
- Arno Rafael, Nerf Optique


© Gordon Parks



Vous pouvez découvrir toutes les expositions sur le site des Rencontres d'Arles.




Isabelle Poudret, Juillet 2013.

mardi 6 août 2013

Arles 2013


Arles re…visitée.

Sans eux je n’y serai pas allé, mais le plaisir d’être ensemble est plus fort que mes aprioris et ma crainte de ne pas passer un bon moment. Les autres sont toujours indispensables pour nous sortir de la caverne de nos préjugés. Depuis le temps que j’y vais,je ne me faisais plus d’illusions, mieux, je me suis fait une raison, je le savais qu’il y aurait des photographies qui ne me laisseront sans réaction, d’autres devant lesquelles je vais passer, et je n’étais pas le seul, sans m’arrêter, en regardant à droite et à gauche d’un pas nonchalant en traversant la galerie. Pas de temps c’est-à-dire d’amour à perdre pour des images qui n’ont aucune résonance dans mon esprit sans doute trop simple, pour comprendre les méandres de ces regards que je suis bien incapable d’appréhender. D’autres encore où je vais m’interroger sur les raisons, les motivations ou le chemin parcouru par le photographe pour en arriver là. Du grand délire ou du grand mystère. Grand délire d’une existence qui cache ou révèle une vie mal vécue, où je devine souffrance ou résignation dans un langage trop souvent inaudible. Mais dites-moi, à quoi sert une littérature illisible, une musique inaudible, une photographie qui reste mystérieuse ?

Mystère pourtant que ce Sergio Larrain, Chilien et photographe « devenu mythique depuis sa présentation en 1991 à Arles, de son travail avec Pablo Neruda sur Valparaiso. » Celui qui aimait photographier la matière, la pierre, les pavés, la terre mais aussi son peuple, les photographier au ras du sol à hauteur des clochards et des enfants des rues lui permettait de se sentir plus près d’eux. Agnès Sire le compare à une météorite, un signe qui traverse le ciel de nos images et de nos conventions. Un signe pour ceux qui peut-être recherchent encore un sens à leur amour de la photographie. Lui-même disait : « j’ai compris que la photographie, comme toute expression artistique on doit la chercher au fond de soi. La photo parfaite est une sorte de miracle qui apparait dans un éclat de lumière. Une bonne photographie nait d’un état de grâce et la grâce vient quand on est libéré de nos conventions.» C’est donc bien de l’abondance de cœur que la photographie parle, Sergio Larrain le photographe des enfants des rues, des bars de Valparaiso et aussi un peu ermite, photographiait à cœur ouvert. Ses photographies sont comme ces étoiles qui malgré leur mort nous envoient encore leur lumière. Un regard à suivre. 

Jean Lubrano, juillet 2013